Sujet bac Niger 2022 français

Skaylab

Changer des vies grâce à l’éducation

Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche
Office du Baccalauréat des Equivalences et des Examens et Concours Supérieurs (OBEECS)
Sujet de Français 2022 : Epreuve du 1er groupe
Séries/Spécialités : A, C, D, E
Durée : 4h

Le candidat traitera un sujet au choix

SUJETI: CONTRACTION DE TEXTE : 

(« La corruption gangrène tous les secteurs publics et privés, entend-on dire concernant notre société. Dans tous les discours officiels, elle occupe une place primordiale. Il serait donc intéressant de se pencher sur la réflexion de ce spécialiste, afin de mieux cerner le phénomène.] 

Les causes de la corruption dans les services publics s’expliquent, par ordre d’importance, par : les bas salaires, l’impunité, le manque de politique de transparence et le manque de système judiciaire efficace. Les bas niveaux des salaires auxquels s’ajoutent les retards dans leur paiement, surtout dans les secteurs de la santé et de l’éducation, de loin les plus grands pourvoyeurs d’emplois, exposent les agents à la corruption. Ces secteurs connaissent d’ailleurs régulièrement des perturbations avec des grèves et des manifestations de toutes sortes. Le relèvement du niveau des salaires va de pair avec l’amélioration des conditions de travail, l’allocation de moyens adéquats aux services publics. De ce côté le bât blesse. Dans le rapport de la mission d’inventaire du patrimoine de l’Etat, il a été relevé les conditions extrêmement difficiles dans lesquelles les agents travaillent, les rendant, au mieux, vulnérables à la corruption, au pire, exposant leur vie en danger et les documents et archives administratifs à des risques réels de dissipation ou de dégradation…. 

Relativement à l’impunité, elle est liée à la culture politique. La prise du pouvoir par un parti est synonyme de distribution de postes, de privilèges à autant de militants que possible. D’où les difficultés éprouvées par la classe politique dirigeante à freiner la bureaucratie qui opère dans la petite corruption. Ayant « galéré » ensemble à l’opposition, chaque militant peut à la place qu’il occupe, une fois son parti au pouvoir, profiter à son aise. La nouvelle culture politique, appelée de tous nos vœux, sera un prérequis pour la réforme de la culture bureaucratique. En ce qui concerne le manque de politique de transparence, l’affichage et la publication des proc » dures sont d’une grande utilité. L’exemple semble venir de la justice. Au TGI hors classe de Niamey, les services les plus demandés comme le casier judiciaire, le certificat de nationalité font l’objet de réglementation. Une telle initiative gagnerait à être généralisée dans les services publics. 

Relativement au principe de continuité, de nombreux débrayages affectent régulièrement certains services publics. Ils ont un impact certain sur les finances de l’Etat et le bien être des usagers, sans compter que les agents grévistes sont exposés à des retenues sur salaires. L’impact direct pour l’Etat est surtout perceptible lorsque la grève affecte les régies financières occasionnant un manque à gagner pour ses caisses. Et le fonctionnement des services publics, déjà cahin-caha, se dégradera davantage… Sans mentionner que la grève n’épargne pas les biens publics, littéralement vandalisés, lorsqu’il s’agit de manifestations de scolaires, ce qui appelle d’autres ressources pour financer les remises en état. Les usagers se trouvent en position de victimes dans ces conflits, surtout lorsque les services publics de base (santé, éducation) sont affectés par les mouvements sociaux. Ceux qui disposent de revenus suffisants recourent au secteur privé pour satisfaire leurs besoins ; les plus démunis succombent davantage dans la pauvreté. 

Les usagers en pâtissent ; les inégalités sociales se creusent et exacerbent la pauvreté et la corruption. Or, l’efficacité de la lutte contre la corruption est intimement liée à la lutte contre la pauvreté. 

Abdourahamane Oumarou Ly, Les mécanismes de lutte contre la corruption au Niger,  L’Harmattan, 2019. Vous ferez un résumé de ce texte au quart de son volume dans une formulation personnelle correcte respectant fidèlement la pensée de l’auteur. Choisissez une idée du texte librement ou l’idée suivante :
« l’efficacité de la lutte contre la corruption est intimement liée à la lutte contre la pauvreté. » Développez une argumentation qui met en évidence la relation corruption et pauvreté et une autre qui indique d’autres moyens d’éradication de la corruption au Niger. 

SUJET II : COMMENTAIRE COMPOSE :

(La situation des fonctionnaires, en Afrique est déplorable. Ils vivent des conditions les plus exécrables du fait de régimes politiques irresponsables. L’avenir semble plombé.] 

« Ils vont me tuer aujourd’hui ! >>  C’était la voix d’une femme qui déchirait la rumeur de la rue. Des curieux attirés par son cri accoururent aussitôt. Elle était couchée au-dessous d’un bus arrêté. Le conducteur était descendu de son engin et lui faisait des signes supplicateurs. Des voix de femmes et d’hommes s’élevaient. Il y en a qui juraient, tandis que d’autres éclataient de rire…. 

La femme disait en avoir marre, marre, marre et vraiment : marre. Cela faisait dix mois, disait-elle, qu’elle n’avait pas de salaire. Toutes les fois qu’elle allait chez elle, elle retrouvait ses enfants affamés et pleins d’espoir, alors qu’elle n’avait rien à leur offrir….. 
La malheureuse ne comprenait pas que personne, mais alors personne, dans ce pays ne compatisse à son sort de mère. Elle ne comprenait pas que personne, mais alors personne ne se soucie de la misère qui rongeait son ventre, de la famine qui lessivait ses forces, elle qui avait toujours payé ses impôts, elle qui avait de nombreuses bouches à nourrir. Et puisque l’Etat ne pensait même pas qu’elle existait, elle avait décidé de lui offrir sa vie « afin qu’on en parle plus ». Elle s’était jetée devant les roues du « bus de l’Etat >> pour que cet Etat kleptomane qui ne pouvait pas lui donner le salaire qu’il lui devait, « l’argent que moi même j’ai travaillé », disait-elle, pour que cet Etat-escroc achève alors de la tuer « pour débon ». Elle parlait comme une folle. Elle parlait en secouant son corps couvert de poussière. 

Patrice Nganang, Temps de chien, Le Rocher, 2007. 

Faites le commentaire composé de ce texte. Vous pourriez par exemple montrer, comment le personnage décrit sa condition de vie, d’une part et d’autre part son désespoir. 

SUJET III : DISSERTATION

Dans sa réflexion sur la littérature dans les sociétés actuelles (Question à la littérature), Jean-Louis Curtis, écrit : « Un livre aujourd’hui…ne s’adresse guère qu’à une certaine classe de lecteurs, non à plusieurs, non à toutes. La littérature écrite ne pourra plus concurrencer, sur le terrain en tout cas, les formes de fictions ou de poésie qui sont véhiculées par l’image. » Examinez ce propos. Vous démontrerez, à partir de votre expérience du public, le peu d’audience du livre d’une part, et d’autre part son remplacement par l’image auprès du public. Ensuite, vous donnerez votre appréciation en tant que lecteur.

Date de publication sur le site : le 18 juillet 2022 à 14h36

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