Exercices et exemple d’introduction
Avant de continuer la lecture de ce cours, essayer de donner vos propre réponses personnelles à ces questions.
Exercice 1
Que signifie le mot «introduction»?
Donnez d’abord une définition personnelle de l’introduction; puis, citez avec exactitude la définition appropriée d’un dictionnaire, en tenant compte de l’étymologie1, afin de bien cerner l’enjeu essentiel de l’introduction d’une dissertation.
Étymologie: origine ou filiation d’un mot (exemple: le mot français «rationnel» vient étymologiquement
du mot latin ratio, la raison)
exercice 2
Les introductions ci-dessous sont toutes composées sur le même modèle, comportant trois étapes distinctes (1; 2; 3).
Indiquez, pour chaque introduction proposée, la fonction remplie par chacune des trois étapes.
énoncé 1
«La raison du plus fort est toujours la meilleure.»
(J. de La Fontaine)
Exemple d’introduction possible:
1) Sur ordre de Louis XIV, l’abbaye janséniste de Port-Royal des Champs fut entièrement détruite pour la seule et unique raison que l’Église et le roi Soleil voulaient anéantir ce mouvement religieux.
2) Bel exemple de l’arbitraire des puissants, qui pourrait illustrer l’adage bien connu de La Fontaine: «La raison du plus fort est toujours la meilleure.»
3) Il est vrai que les faits semblent le plus souvent confirmer cette vision pessimiste des rapports sociaux, selon laquelle ceux qui détiennent la force (qu’elle soit politique, sociale, économique ou militaire) l’emportent en général sur les autres. Mais faut-il s’arrêter à un tel constat? La civilisation ne suppose-t-elle pas la mise en œuvre d’instruments (politiques, juridiques, éducatifs ou autres) et le respect de valeurs morales capables de garantir à chacun un minimum de justice?
(d’après un travail d’élève)
énoncé 2
«Cœur, chaumière, compte en banque: idéal secret des jeunes d’aujourd’hui.»
(J. Binde)
Exemple d’introduction possible:
1) Au temps des hommes des cavernes, le but de la vie – de la jeunesse à la mort – était d’être à même de se vêtir, de se nourrir et de survivre. Au Moyen Âge, le nec plus ultra pour un chevalier était d’avoir un château et une donzelle en détresse à secourir. À la fin des années soixante, ce qui comptait pour un jeune, c’était d’être «cool» et surtout «peace».
2) De nos jours, comme dans le passé, les jeunes se donnent des buts précis, espèrent obtenir telle ou telle chose au cours de leur vie d’adulte. Le sociologue J. Binde estime quant à lui que le désir le plus profond de tout adolescent d’aujourd’hui consiste à avoir trouvé l’âme sœur et à vivre en couple sous son propre toit, dans une certaine aisance.
3) Nous nous demanderons tout d’abord si cette affirmation correspond à la réalité; puis, s’il en est ainsi, pourquoi les jeunes partagent aujourd’hui de semblables idéaux; enfin, nous verrons si de telles aspirations représentent un idéal humain suffisant, et sinon, à quels autres buts on pourrait tendre.
(d’après un travail d’élève)
énoncé 3
«Le journaliste s’occupe du temps qui passe, l’écrivain du temps qui dure. Le journaliste s’intéresse à l’urgent, et l’écrivain à l’essentiel – et il est bien rare que l’urgent et l’essentiel se recoupent.»
(J. d’Ormesson)
Exemple d’introduction possible:
1) Art universel, particulièrement apte à représenter l’homme, l’écriture doit pourtant à l’étendue de sa tâche une certaine complexité: celle de peindre l’être humain dans ses deux principaux aspects, l’éternel et le fini.
2) C’est ainsi que deux hommes régissent le monde des lettres: le journaliste et l’écrivain, que Jean d’Ormesson différencie de la façon suivante: «Le journaliste s’occupe du temps qui passe, l’écrivain du temps qui dure. Le journaliste s’intéresse à l’urgent, et l’écrivain à l’essentiel – et il est bien rare que l’urgent et l’essentiel se recoupent.»
3) La notion de «temps» sépare en effet ces deux activités dans la plupart des cas.
Pourtant, n’existe-t-il pas des circonstances dans lesquelles «l’urgent et l’essentiel» finissent par se rejoindre dans une certaine mesure?